31 mai 2011

La bibliothèque des "indignats"

            Un Monde de bibliothèques a pris le chemin de la Catalogne depuis quelques jours... Changement de cap, changement d'ambiance et changement de perspective...Oh, j'aurais pu commencer par vous raconter mon premier jour au CEPSE...Patience, j'y reviendrai. Mais pour le moment, je préfère vous dire quelques mots des « indignats », « indignados » en castillan, les indignés qui campent sur la place de Catalogne depuis le 15 mai dernier, comme leurs frères madrilènes occupent la Puerta del Sol de la capitale espagnole.

Une indignation bien organisée

            L'indignation est donc au rendez-vous de l'actualité européenne ! Une indignation qui, somme toute, se construit et s'organise...Car, si le mouvement est plus ou moins spontané, un petit tour de la place de Catalogne – rendez-vous obligatoire des touristes pressés et des supporters de football célébrant les victoires du club local  –, permet de se rendre compte combien ces jeunes indignés sont organisés. A la kyrielle des commissions – démocratie fonctionnelle, juridique, de l'environnement, communication...- qui débattent d'idées pour un monde meilleur – logement gratuit pour tous, démocratie directe, moyens d'arrêter la crise et de sauver la planète – il faut ajouter une logistique sans failles : cabines de WC mises en place comme lors de concerts, messages peints sur des cartons usagés appelant à la contribution des passants – les matériaux, notamment, font défaut comme le bois, le métal mais ce sont aussi les compétences qui manquent : on recherche des plombiers, des menuisiers, quelques maçons...– et enfin les étonnants badges servant à identifier l'équipe dirigeante des « acampados ». Je m’interroge : y a-t-il des professionnels de l’indignation ?

La banderole de la commission éducation

La logistique : penser à tout
 
 
Une bibliothèque du Peuple pas si révolutionnaire !

            Les « indignats » n'ont pas oublié non plus, comme leurs grands frères – pères? – de 1968, d'organiser une bibliothèque du peuple, qui propose une littérature peu diversifiée, il faut le dire, ou plutôt une littérature qui sert une cause, et des exemplaires un peu défraîchis. Ah ! Mais pas de Cd ni de DVD ! Décidément l'image de la bibliothèque évolue peu même chez les révolutionnaires ! Déception...
            Et le fonctionnement de cette bibliothèque est tout sauf révolutionnaire...Déception bis repetita...On peut emprunter des livres pour deux jours, gratuitement, mais il faut laisser son numéro de téléphone, son numéro de carte d'identité, bref une inscription en bonne et due forme...On aurait imaginé une bibliothèque libre où l'on pourrait emprunter en toute confiance...

Bienvenus à la bibliothèque du Peuple ! Lis à la plage ou emporte le livre avec toi pour deux jours* (si tu l'emportes chez toi, laisse tes coordonnées. Merci)
L'écrit libérateur
           
            Dans toute cette manifestation, qui dure maintenant depuis deux semaines, on ne peut qu'être marqué par l'importance des slogans et de l'écrit en général. Slogans politiques, poétiques, revendicatifs, mais slogans qui restent dignes. Là encore, ce sont les héritiers des grévistes de 1968 dont les écrits ont donné lieu à une glose importante. A l'heure des SMS, des Twitts en moins de 140 signes, les « indignats » ont repris la plume, quelquefois pour le meilleur de la lecture. Florilège en images...
Qu'il pleuve ou non, rien ne nous fera bouger
"Si tu veux des résultats différents...Ne fais pas toujours la même chose". Albert Einstein
Que se passe-t-il à Fukushima ?

Google : démocratie en Espagne. Peut-être que cela voulait dire :  Dictature en Espagne


Et après l'indignation ?

            Stéphane Hessel a fait suivre son désormais célèbre Indignez-vous ! d'un non moins célèbre Engagez-vous ! Mais dans le cas de ces jeunes Espagnols, l'engagement a de loin précédé l'indignation : ils sont les héritiers des « Okupas » des années 1990. Et ensuite ? L'indignation momentanée comme ultime moment d'expression d'un désespoir profond ? Les « indignats » débattent ce soir de la suite à donner à leur indignation...A suivre

Jérôme Triaud

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